Les paradoxes du bonheur. Jacques Lecomte

L’hédonisme est souvent lié au bien-être immédiat de la personne, tandis que l’eudémonisme est davantage associé à la conscience d’un sens à la vie sur le plus long terme. Toutefois, alors que l’opposition hédonisme-eudémonisme est généralement formulée de manière assez catégorique en philosophie, plusieurs chercheurs en psychologie soulignent la complémentarité de ces deux approches de l’existence. Le présent article explore les complémentarités de concepts souvent opposés.

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À PROPOS DE L’AUTEUR
Jacques Lecomte est docteur en psychologie, président d’honneur de l’Association française et francophone de psychologie positive. Il a enseigné à l’Université de Paris Ouest Nanterre et à la Faculté de sciences sociales de l’Institut catholique de Paris. Ses travaux portent essentiellement sur la psychologie positive (notamment résilience, sens de la vie et bonté humaine). Il s’intéresse surtout aujourd’hui à l’impact social d’attitudes et de valeurs telles que la confiance, la coopération, le respect et la solidarité, que ce soit dans l’éducation, la santé publique, l’entreprise, etc. Il est l’auteur de divers ouvrages, dont La bonté humaine, Odile Jacob, 2012.

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SUMMARY
According to the Greeks, there are two main conceptions of happiness: a hedonic- which is linked to pleasures, and a eudaimonic- which is centered on a fulfilling life. The debate hedonic-eudaimonic has recently entered the field of positive psychology. Research shows that whereas they are conceptually distinct, they are strongly correlated. This article offers a mediation between these two concepts via interpersonal relationships.

MOTS-CLES 
hédonisme ; eudémonisme ; paradoxes.

KEYWORDS 
hedonism; eudaimonism; paradox.

Pour citer cet article (format APA). To cite this article (APA standards):
Lecomte, J. (2016) Les paradoxes du bonheur. Sciences & Bonheur, 1, 80-93.

L’article est disponible en format pdf dans le premier numéro. Pour y accéder, cliquer ici: S&B_Automne2016

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Le débat hédonisme – eudémonisme chez les philosophes grecs…

Bien avant de faire l’objet de recherches en psychologie, le bonheur a constitué un thème majeur de réflexion philosophique. D’ailleurs, pour les philosophes grecs, la finalité de l’existence était la quête du bonheur. Mais derrière cette affirmation se profilaient deux visions très différentes : la conception d’un bonheur hédoniste, axé sur les plaisirs, et celle d’un bonheur eudémoniste (eu = bon ; daimon = puissance divine), centré sur la vie pleinement réussie de l’être humain.

Les philosophes hédonistes posent le plaisir comme bien suprême. Ainsi, Aristippe enseignait, au 4e siècle avant J.-C., que le but de la vie consiste à éprouver la quantité maximale de plaisir, et que le bonheur est la somme des moments hédonistes d’une personne. Quant à Calliclès, interlocuteur de Socrate dans le Gorgias de Platon, il affirme que la vie heureuse est « la vie facile, l’intempérance, la licence ».

Plus près de nous, la conception hédoniste du bonheur a été reprise par les penseurs utilitaristes, tels que Jeremy Bentham (1748-1832), qui affirmait que c’est au travers des tentatives des individus de maximiser le plaisir et leur intérêt personnel que se construit la bonne société. Pour ces auteurs, le bonheur que chacun recherche est la seule source de moralité. De nos jours, Michel Onfray est l’un des principaux héritiers de cette tradition.

Quant au courant eudémoniste, son principal représentant est Aristote, qui a tout particulièrement développé cette conception dans les livres 1 et 10 de L’éthique à Nicomaque. Cet auteur critique les hédonistes avec virulence : « La foule et les gens les plus grossiers placent le bonheur dans le plaisir ; aussi montrent-ils leur goût pour une vie toute de jouissances » (Aristote, 1965, p. 23). Le terme eudaimonia est généralement traduit par bonheur, mais plusieurs philosophes contemporains lui préfèrent l’expression « vie réussie » (Schüssler, 1992 ; Spaemann, 1997, p. 23).

Selon Aristote, l’eudaimonia, « activité de l’âme dirigée par la vertu » (Aristote, 1965, p. 31) est le but ultime de notre existence. En effet, les autres aspects positifs de notre vie sont recherchés non seulement pour eux-mêmes mais aussi en vue d’accéder au bonheur, tandis que le bonheur est recherché seulement pour lui-même. « Le bonheur est donc le bien le plus précieux, le plus beau et le plus agréable » et il exige « une vertu parfaite et une existence accomplie » (Aristote, 1965, p. 32, 34). Aristote ne rejette pas pour autant le plaisir, mais considère, contrairement aux hédonistes, que celui-ci n’est pas le bien en soi, mais plutôt une conséquence de l’eudémonisme.

Divers philosophes contemporains se réclament d’Aristote (Destrée, 2003 ; Spaemann, 1997). C’est notamment le cas de Paul Ricœur qui qualifie de visée éthique « la visée de la « vie bonne » avec et pour autrui dans des institutions justes » (Ricœur, 1990, p. 202).

… et en psychologie positive

De nos jours, le débat hédonisme-eudémonisme s’est installé au cœur de la psychologie positive. La première recherche empirique sur ce thème, publiée par Waterman en 1993 mettait en évidence que l’hédonisme et l’eudémonisme sont simultanément des concepts distincts mais fortement corrélés positivement (Waterman, 1993). Certains auteurs soulignent clairement les différences entre ces deux conceptions (Bauer & al., 2005 ; Delle Fave & al., 2011 ; Huta & Ryan, 2010 ; Huta & Waterman, 2014 ; Ryan & Deci, 2001 ; Vittersø, 2013 ; Waterman & al., 2008). Il ressort de ces recherches les caractéristiques suivantes.

L’hédonisme est caractérisé par une émotion agréable de plaisir et – selon certains auteurs – par l’absence de stress. L’eudémonisme est plus complexe. Une synthèse (Huta & Waterman, 2014) opérée à partir des travaux de douze chercheurs relève notamment les caractéristiques suivantes :

  • Croissance personnelle, développement de son potentiel
  • Sens, projet à long terme
  • Authenticité
  • Excellence, vertus
  • Relations positives avec les autres
  • Engagement, flux (flow), efforts fournis face aux défis

On peut résumer cela en disant que l’hédonisme est lié au bien-être immédiat de la personne, tandis que l’eudémonisme désigne la conscience d’un sens à la vie sur le plus long terme (Lecomte, 2007). Toutefois, alors que l’opposition hédonisme-eudémonisme est généralement formulée de manière assez catégorique en philosophie, plusieurs chercheurs en psychologie soulignent la complémentarité de ces deux approches de l’existence (Henderson & Knight, 2012; Huta, 2015; Lecomte, 2007). Ainsi, je propose le schéma suivant (Lecomte, 2007, p. 35)

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Selon cette approche, le sens (principale caractéristique de l’eudémonisme) et le bien-être (principal composant de l’hédonisme) accomplissent des fonctions différentes et procurent le bonheur lorsqu’ils se conjuguent. A noter qu’une facette de l’existence relève à la fois du sens et du bien-être : les relations interpersonnelles. Prenons l’exemple de la famille. Le bien-être s’exprime par exemple lorsque la famille passe une journée à jouer ensemble, tandis que le sens émerge lorsqu’un parent a le sentiment d’avoir transmis des valeurs à ses enfants.

Ce modèle se distingue de certaines approches actuelles en psychologie positive. Ainsi, divers auteurs assimilent le bien-être au bonheur (Diener, 2000 ; Frey & Stutzer, 2002 ; Kahneman & al., 1999 ; Kim-Prieto & al., 2005). Dans le modèle proposé ici, le bonheur ne se réduit pas au bien-être, il comporte aussi cette dimension plus durable qu’est le sens.

Par ailleurs, dans cette dynamique consistant à confondre bonheur et bien-être, divers auteurs décomposent le bien-être en deux éléments : le bien-être subjectif (Diener, 2000), qui relève plutôt de l’hédonisme en évaluant la satisfaction face à l’existence, et le bien-être psychologique (Ryff, 1989 ; Ryff & Keyes, 1995), qui relève plutôt de l’eudémonisme en évaluant les thèmes suivants : l’autonomie, la maîtrise de l’environnement, la croissance personnelle, les relations positives avec les autres, le but dans l’existence, l’acceptation de soi.

Le modèle que je propose reprend cette bipartition, mais en en modifiant les termes. Au lieu de considérer que le bien-être se subdivise en bien-être subjectif et psychologique, il considère que le bonheur se subdivise en bien-être et sens, précisément en raison du caractère plus immédiatement émotionnel du bien-être et du caractère plus réflexif et à long terme du sens.

Ainsi, selon ce modèle, la facette bien-être du bonheur est essentiellement émotionnelle : elle comprend des activités plaisantes réalisées seul ou avec des proches. La facette sens se subdivise en trois grandes catégories : relationnelle (amour, amitié, parentalité, filialité) ; cognitivo-axiologique (convictions, valeurs) ; comportementale (activité professionnelle, engagement associatif, etc.). Transposé en langage commun, on peut dire que l’être humain donne du sens à sa vie au travers de son cœur, de sa tête et de ses mains.

Ceci peut s’exprimer sous la forme de ce que j’ai appelé la pyramide du sens (Lecomte, 2007, p. 15).

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Ce modèle permet de mieux comprendre un certain nombre de paradoxes apparus au sein de la littérature psychologique et sociologique au cours des ans.

Le paradoxe de la parentalité

De Vogler et Ebersole ont mené avec leurs collaborateurs une série de recherches sur les facettes de l’existence qui donnent du sens à celle-ci. Quel que soit l’âge, ce sont systématiquement les relations interpersonnelles qui arrivent très largement en tête (De Vogler-Ebersole & Ebersole, 1981, 1983; Ebersole & DePaola, 1987). Or, de multiples recherches ont montré que les adultes mariés avec enfants sont moins heureux que ceux sans enfants Baumesteir, 1991 ; Rizzo & al., 2013). Quand les premiers résultats sont apparus, les chercheurs ont eu du mal à y croire et ont mené d’autres enquêtes, qui ont confirmé le constat initial.

On demande à des personnes d’évaluer leur niveau de bonheur et on note leur statut familial. La tendance générale des résultats est claire, même s’il y a des exceptions à la règle. Les jeunes adultes seuls sont modérément heureux. Les gens mariés sont plus heureux. L’intervalle entre le mariage et la naissance du premier enfant est ainsi la période la plus heureuse de la vie des femmes et une période également particulièrement heureuse pour les hommes. Avec la naissance du premier enfant, le niveau de bonheur diminue. Le manque de sommeil, le sentiment de perdre sa liberté, les responsabilités et les tâches quotidiennes sont en partie à l’origine d’un état de fatigue généralement plus important que ce que les jeunes parents avaient imaginé. La réalité quotidienne apparaît alors bien différente de l’idéal rêvé. C’est après le départ du foyer du dernier enfant que le niveau de bonheur des parents remonte sensiblement. Cette phase du « nid vide », souvent considérée comme particulièrement douloureuse, est en fait une deuxième pointe de bonheur dans la vie du couple, même si elle n’est pas aussi élevée que la période initiale, avant la naissance des enfants. Les périodes de la vie les plus heureuses sont donc celles où l’on vit en couple sans enfants. On pourrait supposer que ce n’est pas l’arrivée des enfants mais l’usure de la relation de couple qui entraîne une baisse du niveau de bonheur. Ce n’est pas le cas, puisque les personnes qui vivent en couple, mais restent sans enfants demeurent à un niveau élevé de bonheur.

Les chercheurs parlent de « paradoxe de la parentalité » parce que, malgré ce sentiment diminué de bonheur, la plupart des parents signalent plus tard qu’ils sont heureux d’avoir vécu cette expérience et décrivent leurs enfants comme la réalisation la plus importante de leur vie. Une fois que les enfants ont quitté le foyer, ils affirment généralement ne pas regretter cette expérience, au contraire.

Comment expliquer ce paradoxe surprenant ? La solution semble résider dans la distinction entre sens et bien-être présentée ci-dessus. Rappelons-nous que selon ce modèle, il y a bonheur lorsque sont simultanément présents ces deux éléments. Pendant la longue période de présence des enfants, le sens est présent, mais le bien-être est fortement réduit et donc le bonheur également. Ce n’est qu’après le départ des enfants que le bien-être reprend place au sein du couple et le bonheur également aussi.

Selon le psychanalyste américain George Vaillant, les parents et enseignants sont des « gardiens du sens » (Vaillant, 2003 ; Vaillant & Milofsky, 1980). Voici un propos très représentatif de cette expérience, exprimé par Claude, 58 ans : « Quand je regarde mes deux petits-fils jouer, je me dis : « voilà, c’était ça le but ». Le seul vrai but, au fond : grandir, devenir adulte, pour être père, puis grand-père. Tout le reste, ce que j’ai fait et continue de faire pour moi – le travail, le sport -, ou ce qui m’arrive – des soucis de santé aux bons moments passés avec de vieux amis -, c’est de la distraction. La seule raison que j’ai vraiment eue de vivre, c’est celle-là : faire que des générations se succèdent après moi. » (Psychologies, 2005, p. 152).

Les paradoxes du flux au travail et de la satisfaction liée aux « sales boulots »

Le flux (flow) (Csikszentmihalyi (2004, 2005) ou expérience optimale est l’un des thèmes les plus étudiés en psychologie positive. Il résulte d’une interaction entre l’individu et la situation : toute activité peut engendrer le flux, mais certaines situations y sont plus propices que d’autres ; parallèlement, tout individu peut éprouver le flux, mais certaines personnes y sont plus sensibles que d’autres. Csikszentmihalyi parle à ce propos d’activités et de personnes « autotéliques », terme unissant deux mots grecs : autos (soi) et telos (but ou fin). Les activités créatives, la musique, le sport sont des sources typiques de flux. Mais il s’agit évidemment plus de tendances que d’une radicale dichotomie. Ainsi, la plupart de nos activités ne sont ni purement autotéliques ni purement « exotéliques » (faites pour des raisons externes), mais une combinaison des deux.

L’une des découvertes les plus surprenantes de Csikszentmihalyi et ses collaborateurs est que les gens ont environ trois fois plus de probabilité d’expérimenter le flux au travail que dans les loisirs, avec cependant des différences selon le type de fonction (Csikszentmihalyi & Lefevre, 1989), comme le montre le tableau ci-dessous :

                                                                       Travail                                    Loisirs

Directeurs

Cols-blancs

Cols-bleus

64 %

51 %

47 %

15 %

16 %

20 %

Ensemble 54 % 18 %

Tableau 1 : Pourcentage de personnes indiquant la présence de l’expérience optimale (sur 4800 réponses au cours d’une semaine)

Pour les directeurs, les activités les plus susceptibles de contribuer au flux étaient de « parler de problèmes » et de « faire du travail administratif », bien que le travail administratif représentât une proportion encore plus importante des moments de non-flux. Pour les employés de bureau, la principale source de flux était d’écrire à l’ordinateur, et pour les ouvriers, c’était de réparer du matériel ou de travailler sur les ordinateurs.

Lorsque ces diverses personnes n’étaient pas au travail, leurs expériences de flux se ressemblaient beaucoup plus et provenaient surtout du fait de conduire et de parler avec les membres de leur famille ou avec leurs amis.

Le travail présente des caractéristiques particulièrement susceptibles de générer une sensation de flux. En effet, il est généralement accompagné d’un but et de règles claires ; il provoque une rétroaction immédiate : la satisfaction du devoir accompli ; il favorise la concentration et limite la distraction ; il donne un sentiment de contrôle et sa difficulté est (en principe) en rapport avec les capacités de celui qui l’accomplit. Pour beaucoup de gens, le reste de l’existence n’offre pas les mêmes possibilités. Quand ils sont chez eux, ils ont rarement un but bien défini, ils ignorent s’ils font bien ou mal ce qu’ils font, ils peuvent avoir le sentiment que leurs aptitudes sont sous-employées.

En fin de compte, l’opposition ne se situe pas entre travail et loisirs, mais entre activités productrices de sens ou non. Les loisirs actifs sont susceptibles de générer du flux et du sens, tandis que les loisirs passifs peuvent éventuellement entraîner du bien-être, mais non du sens.

Cette distinction entre bien-être et sens permet de comprendre pourquoi les personnes accomplissant un « sale boulot », ce type d’activités à la fois nécessaires et malheureusement déconsidérées (ramonage, dératisation, pompes funèbres, surveillance pénitentiaire, etc.) retirent généralement une réelle fierté d’accomplir ce type de travail (Ashforth & Kreiner, 1999). Car la « saleté » n’est pas inhérente à l’activité elle-même, mais est une construction sociale, basée sur des conceptions subjectives de ce qu’est la propreté et la pureté. Dès lors, ces professionnels recadrent le sens de leur travail afin de lui donner une tonalité positive. Par exemple, les employés des pompes funèbres disent qu’ils aident les proches du défunt à soulager leur peine, le personnel d’entretien à l’hôpital considère que ce travail est essentiel pour éviter une aggravation de l’état de santé des patients, les domestiques sont heureux de pouvoir subvenir aux besoins de leur propre famille et d’aider leurs enfants à trouver leur place dans la vie.

Le paradoxe de la justice restauratrice

Dans divers pays du monde se développe un système de justice original qualifié de justice restauratrice (ou réparatrice). Cet essor résulte notamment de l’insatisfaction générale éprouvée à l’égard du système traditionnel :

– la profonde déception des victimes

  • l’échec des politiques de répression et en particulier de l’emprisonnement : l’incarcération est surtout une école du crime, particulièrement pour les mineurs
  • la longueur, la complexité et le coût excessifs du processus judiciaire
  • l’engorgement des tribunaux.

La justice restauratrice nécessite la présence d’au moins trois personnes :

  • la victime qui accepte d’y participer, sans qu’une pression ne soit exercée sur elle.
  • l’agresseur qui est prêt à reconnaître sa culpabilité
  • un médiateur (parfois nommé facilitateur) compétent et ayant reçu une solide formation.

La justice restauratrice vise à donner aux victimes, aux délinquants et à la société le sentiment satisfaisant que « justice est faite ». On peut résumer les effets de cette approche sous forme de trois R : Réparation de la victime, Responsabilisation de l’auteur et Rétablissement de la paix sociale. Je présenterai brièvement les deux facettes Réparation de la victime et Rétablissement de la paix sociale, avant de m’arrêter plus longuement sur la Responsabilisation des agresseurs, qui est au cœur du paradoxe que je souhaite souligner.

Réparation de la victime

Le ministère de la Justice du Canada a publié en 2001 une synthèse de l’ensemble des documents sur la justice restauratrice publiés au cours des 25 années précédentes (Latimer & al., 2001). Toutes les études examinées sauf une montrent que les victimes qui ont participé à un programme de justice réparatrice sont beaucoup plus satisfaites que celles qui sont passées par la justice traditionnelle. La seule étude qui présente un résultat négatif est également la seule où la peine avait été décidée par le juge avant la rencontre entre victimes et agresseurs, et donc où les victimes n’ont pas pu influencer la décision du juge.

Rétablissement de la paix sociale

Une synthèse de recherches (Nugent et al., 2003) portant sur la délinquance des mineurs (aboutissant à un total de 9307 jeunes), révèle que la récidive, en cas de médiation entre la victime et l’agresseur, diminue de 26 % par rapport aux cas traités en justice traditionnelle, ce qui est un chiffre bien plus élevé que le taux (10 à 12 % de réduction) constaté grâce à diverses interventions pour les délinquants dans deux méta-analyses (Lipsey, 1995; Lipsey & Wilson, 1998). Par ailleurs, les participants à la médiation avaient tendance à commettre des récidives moins graves. Les principaux facteurs liés à la baisse de la récidive sont le remords éprouvé au cours de la médiation et les excuses présentées aux victimes, le fait d’avoir été impliqué dans le processus de décision, de ne pas avoir été considéré comme une mauvaise personne.

Analysons maintenant ce qui se passe chez les agresseurs. Se retrouver face à sa victime est une expérience très différente pour l’agresseur, selon que cela se passe au tribunal ou dans une rencontre de justice restauratrice. Au tribunal, le rôle de l’agresseur consiste essentiellement à se défendre, en minimisant son niveau de responsabilité. Il donne souvent l’impression de se désintéresser du sort des victimes et n’exprime aucun regret envers ces dernières.

En justice restauratrice, c’est tout le contraire que l’on attend de lui : la rencontre avec la victime a précisément pour objectif qu’il prenne vraiment conscience de la souffrance occasionnée, qu’il regrette son acte et présente des excuses et s’engage à ne pas recommencer à l’avenir. Le tribunal réduit fortement cette possibilité.

Les agresseurs, comme les victimes, sont plus satisfaits lorsqu’ils sont passés par la justice restauratrice que par la justice classique. Par exemple, dans une étude (McGarrell et al, 2000), les jeunes agresseurs ayant vécu une rencontre de groupe familial sont 85 % à être prêts à recommander cette forme de justice à des amis, contre seulement 38 % des jeunes passés par le tribunal. Conséquence logique : les délinquants ayant vécu une expérience de justice restauratrice respectent bien mieux leurs engagements que ceux passés par le tribunal.

Pourtant, il est évident que pour un délinquant, rencontrer sa victime et lui exprimer son remords et ses regrets est une situation bien plus difficile à vivre que de se défendre au tribunal. Dans de telles circonstances, le bien-être est probablement égal à zéro. En revanche, c’est une situation riche de sens pour l’agresseur qui peut ainsi apprendre de cette expérience, surtout s’il est jeune, et grandir en humanité.

Voici un exemple concret de justice restauratrice, mettant clairement cela en évidence (Kelly, s.d.). Après une soirée très arrosée, deux jeunes décident de tout dévaster sur leur passage. En deux heures, de 3 à 5 heures du matin, Ils saccagent 24 voitures et un petit bateau, abîment 22 propriétés, un magasin et une église. Puis ils rentrent chez eux et s’endorment. A sept heures du matin, la police, prévenue par un voisin, frappe à la porte. Tous deux reconnaissent leur responsabilité. Le juge les fait rencontrer leurs victimes.

« Rencontrer nos victimes, écrit Russ Kelly, a été l’une des choses les plus dures que j’aie jamais vécu dans ma vie. Accompagnés par Mark Yantzi et Dave Worth, nous leurs avons présenté nos excuses, écouté ce que les victimes avaient à nous dire, déterminé le montant de la restitution, demandé pardon et déclaré aux victimes que c’était un acte de vandalisme au hasard et qu’elles n’étaient donc pas ciblées. (…) Environ deux mois plus tard, nous sommes revenus avec des chèques pour compenser les dépenses non couvertes par les assurances. Nous avons été également sanctionnés par une mise à l’épreuve de 18 mois. » « Si j’avais été en prison, j’en serais ressorti en étant une personne pire, avec un cœur endurci ».

Russ Kelly est aujourd’hui… médiateur et conférencier sur la justice restauratrice, au sein de l’association Initiatives de justice communautaire.

Le paradoxe de la résilience

Le concept de résilience s’est largement diffusé dans le grand public au cours des dernières décennies et nous sommes aujourd’hui familiarisés avec l’idée que subir un ou des traumatismes n’implique pas automatiquement d’être déprimé et-ou violent pour le reste de l’existence. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. D’ailleurs, des vestiges de cette époque passée perdurent toujours. Ainsi, de nombreuses études longitudinales ont clairement montré que la plupart des enfants maltraités deviennent des parents affectueux (Lecomte, 2002, 2004). Or, les travaux portant sur ce thème contiennent presque toujours dans leur intitulé l’expression « reproduction (ou transmission) intergénérationnelle de la maltraitance », même lorsque le taux constaté dans l’étude est de l’ordre de 5 à 10 %. Il serait bien plus pertinent de souligner que 90 % de ces personnes ont vécu une expérience de cessation intergénérationnelle de la maltraitance plutôt que d’écrire que 10 % ont reproduit la maltraitance.

De fait, la résilience est apparue inopinément aux premiers chercheurs qui ont travaillé sur le sujet, comme l’a montré la recherche princeps de Werner et Smith (1977) auprès d’enfants issus de familles pauvres et gravement dysfonctionnelles. Cherchant à comprendre l’impact négatif de ces situations, ils ont découvert de façon inattendue que beaucoup de ces personnes parvenaient progressivement à acquérir un équilibre au fil des ans.

La distinction entre sens et bien-être peut à nouveau servir d’utile fil conducteur pour analyser ce processus, en particulier pour des drames dont l’impact physique et-ou émotionnel s’avère durable, comme le montrent les deux exemples ci-dessous.

Philippe Pozzo di Borgo est l’homme qui a inspiré, avec son accompagnateur Abdel, le film Intouchables. Totalement dépendant des autres, il surprend parfois les personnes qui le rencontrent par son intense amour de l’existence. Voici le témoignage d’espérance qu’il transmet :

« Dans l’expérience de cette fragilité que je vis depuis dix-neuf ans, dans la rencontre avec Abdel qui était porteur d’un autre handicap, tout aussi réel et douloureux, j’ai découvert l’espérance. (…) J’ai longtemps été un individu avec des appétits féroces, dressé pour dévorer la planète. On me surnommait « le bulldozer » au sein de mon entreprise. Je me suis découvert fragile et différent. (…) J’aimerais bien redevenir valide, pouvoir de nouveau marcher, bouger, prendre mes enfants dans mes bras, cesser de souffrir. (…) Je vis plus intensément et je vois plus clairement qu’auparavant. Il a fallu que je sois dans un fauteuil avec ma mentalité d’handicapé pour apprécier pleinement le sens de la vie. Oui, j’aimerais redevenir valide, mais à la seule et unique condition de pouvoir garder mon invalidité dans ma tête. N’attendez pas d’être Intouchables pour réapprendre le goût du bonheur. » (Pozzo di Borgo et al., 2012, p. 14, 72, 88, 89).

L’expérience vécue par Corinne Tanay, mère d’une petite Emilie, empoisonnée par erreur, est évidemment très différente. On retrouve cependant cette double expérience de baisse du bien-être et de développement du sens.

« Je me croyais protégée dans une bulle de bonheur, écrit-elle. La bulle a éclaté. Il y a obligation de regarder la mort en face. » (Tanay, 2003, p. 75). Mais avec le temps, cette femme éprouve une profonde transformation intérieure liée à la quête de sens, ce qui la conduit à écrire : « Avant, j’étais sans âme, j’étais fade. J’ai atteint quelque chose d’imperceptible. (…) J’ai puisé dans la disparition de notre petite fille une volonté, une rage de vivre. (…) J’ai atteint une meilleure perception du monde extérieur et de moi-même. J’ai pénétré un univers mystérieux. Mon deuil m’a ouverte aux autres. (…) Des ténèbres a surgi une douce lumière, qui me guide pas à pas. (…) Je réalise que je viens de donner bientôt dix ans de ma vie pour cette transformation intérieure dont je vous entretiens. Les voies empruntées n’ont pas été toutes efficaces ou formatrices. Le travail sur soi est un exercice périlleux. N’allez pas croire que le changement est radical. Il faut du temps pour regarder droit devant soi. Il faut travailler la confiance en soi. (…) Ce que je vis se nomme la découverte intérieure. En aurais-je pris conscience autrement ? Il faut qu’une véritable épreuve ravage votre existence pour savoir qui l’on est vraiment. (…) Trouver la force en soi est la plus belle démonstration de courage que l’on puisse s’offrir à soi-même. Personne n’ira la chercher pour vous. Il faut puiser dans ses ressources personnelles. Chacun de nous possède une énergie, une bouée de sauvetage qui ne demande qu’à se manifester. Pour ne pas sombrer, il faut rester en relation avec le monde extérieur, avec la vie. Je vous y encourage. Ma conviction est renforcée. L’amour permet d’accomplir des miracles. C’est lui qui m’a sauvée. » (Tanay, 2003, p. 106, 120, 134, 157, 187, 203-204, 206).

Plusieurs auteurs ont tenté d’interpréter théoriquement ce processus. Ainsi, Gustave-Nicolas Fischer parle de ressort invisible (Fischer, 2014). En s’appuyant sur des témoignages que lui-même et ses étudiants ont directement recueillis ou sur des autobiographies, il nous fait comprendre le processus qui permet à des personnes avant vécu des situations extrêmes (maladies mortelles – cancer et sida -, guerres, camps de concentration et deuil) de retrouver un équilibre psychologique en se forgeant une nouvelle identité dont les caractéristiques essentielles sont l’amour de la vie et le bonheur lié aux relations interpersonnelles.

L’auteur cite par exemple cette phrase d’une femme atteinte d’un cancer : « Maintenant, j’ai envie de vivre. Je suis plus tolérante avec tout le monde. J’essaie de comprendre le comportement des gens, je vais plus au fond des choses, je ne juge pas les gens, je suis plus à l’écoute de ma famille, j’essaie de ne pas faire souffrir. »

Selon Fischer, « Celui qui a traversé l’extrême n’a plus rien de commun avec ceux qui, entre-temps, ont continué tranquillement leur vie. » En effet, au cours de son enquête, l’auteur découvre un potentiel de ressources inimaginable, ce fameux ressort invisible, qui donne son titre à l’ouvrage. Tant qu’elle n’a pas fait l’expérience personnelle du malheur, la personne s’appuie sur ses ressources habituelles pour mener son existence. Mais lorsqu’elle a connu le traumatisme et a fait l’expérience de la survie – physique et-ou psychique – elle a découvert au plus profond d’elle-même l’existence de ce ressort dont elle ignorait l’existence. Elle ne sera désormais plus jamais la même personne.

Depuis quelques années, un nouveau courant de recherche se développe autour du concept de croissance post-traumatique (Linley & Joseph, 2004 ; Calhoun & Tedeschi, 2006), qui vient compléter et nuancer celui de stress post-traumatique. En effet, chez beaucoup de personnes, un drame dans l’existence provoque non seulement des souffrances, mais souvent aussi un approfondissement du sens de la vie. Il ne s’agit pas d’un retour à l’état initial, mais d’une évolution personnelle positive, très profonde pour certaines personnes. Ce n’est pas l’événement en soi qui conduit à la croissance, mais la lutte de l’individu avec cette nouvelle réalité à laquelle il est confronté. La croissance post-traumatique n’élimine pas le mal-être, mais se juxtapose à lui. La personne tire des bénéfices de son expérience, mais ne nie pas ses difficultés. Elle aurait généralement préféré ne pas vivre cette épreuve, mais elle considère parallèlement qu’elle en a tiré une dimension personnelle supérieure, inconnue jusqu’alors. La croissance post-traumatique a été constatée dans des situations très diverses : deuil, maladies graves, handicap, accident de la route, incendie de maison, agression sexuelle, guerre, le fait d’être réfugié, kidnapping (Tedeschi & Calhoun, 2004).

Notons cependant qu’il ne faudrait évidemment pas transformer ce constat en obligation : ce n’est pas parce que beaucoup de personnes vivent ce processus de croissance post-traumatique qu’il faut la transformer en règle systématique. Le parcours de chacun est spécifique et respectable.

Cinq domaines de croissance post-traumatique ont été repérés (Tedeschi & Calhoun, 1996) :

– une plus grande appréciation de la vie et changement de priorités dans l’existence

– des relations plus chaleureuses et plus intimes avec les autres

– un sentiment plus grand de force personnelle

– la reconnaissance de nouvelles possibilités ou de voies dans la vie de la personne

– un changement spirituel.

Ces diverses facettes recoupent pleinement les trois grandes catégories de sens présentées dans le présent ouvrage : les relations avec les autres, les convictions personnelles et l’engagement dans l’action. Ceci est confirmé par les conclusions de King, qui a mené une enquête auprès de personnes ayant subi un grave tournant de l’existence à la suite d’un handicap (King, 2004). Elle a constaté que ces personnes ont ensuite réussi à tirer du sens de la vie, essentiellement par trois moyens : grâce à leurs relations avec les autres, en prenant part à des activités et en cherchant à mieux se comprendre et à comprendre leur environnement.

Le paradoxe des résistants

Une situation extrême mettant en relief la distinction entre bien-être et sens est celle de personnes prêtes à mourir pour leurs convictions.

Les ultimes lettres écrites à leurs proches par des personnes fusillées pour faits de résistance au cours de la Seconde guerre mondiale témoignent de façon émouvante de ce qui constitue précisément leurs raisons de vivre (Krivopissko, 2003). Au moment où ils les rédigent, ils savent qu’ils ne pourront échapper à la mort : tous les recours ont été épuisés et ils vont être fusillés dans quelques heures.

En d’autres temps, ils auraient mené une vie paisible et heureuse, mais dans ce contexte historique, ils ont accepté de sacrifier leur bien-être au profit du sens. Comme le souligne François Marcot : « Leur rôle est de donner un sens à leur vie et à leur mort, mais aussi, et dans le même temps, de confier une mission aux survivants, celle de vivre dans le bonheur » (Krivopissko, 2003, p. 22).

Certaines lettres sont particulièrement émouvantes en ce qu’elles mélangent de profondes réflexions politiques et morales avec des précisions qui paraissent bien dérisoires dans un tel contexte. Mais c’est précisément ce mélange qui donne toute leur force à ces témoignages. Ainsi, Robert Beck, docker de 46 ans, écrit à ses enfants et à ses amis : « La mort ne m’impressionne nullement. Je savais depuis toujours que la lutte exigeait des sacrifices et je les ai tous consentis sans hésiter. Il vaut mieux perdre la Vie que les raisons de vivre (souligné par moi). La libération de notre France et l’affranchissement des travailleurs ont été mes raisons de vivre. Je meurs pour elles avec la certitude de notre prochaine victoire. Courage ! (…) Avez-vous reçu les 26 pommiers cordons, les 30 groseilliers et les 4 tiges commandés et payés chez Dumet, quai aux Fleurs à Paris ? (…) Les arbres vous rappelleront mon souvenir. Prenez-en soin. Votre terre est argilo-siliceuse et manque plutôt de calcaire, je crois. Dans ces conditions, ne ménagez pas les scories de déphosphoration et le sulfate de potasse. » (Krivopissko, 2003, p. 198-199). Suivent des conseils très précis pour l’entretien des arbres.

Le mot regret revient souvent dans ces lettres, mais jamais pour dire que la personne regrette ce qu’elle a fait, mais plutôt la souffrance que les proches vont endurer du fait de sa mort. Ainsi, Léon Jost, industriel de 57 ans, à son épouse : « Si j’ai un regret avant de quitter la vie, c’est de vous laisser alors que nous étions si heureux… La peine que j’ai de te causer cet immense chagrin s’adoucit de la certitude que j’ai d’avoir fait mon possible pour te rendre heureuse. » (Krivopissko, 2003, p. 72).

Gabriel Péri, 39 ans, à son avocate : « Que mes amis sachent que je suis resté fidèle à l’idéal de toute ma vie ; que mes compatriotes sachent que je vais mourir pour que vive la France. Une dernière fois, j’ai fait mon examen de conscience : il est très positif. C’est cela que je voudrais que vous répétiez autour de vous. J’irais dans la même voie si j’avais à recommencer ma vie. » (Krivopissko, 2003, p. 107-108) (souligné par moi).

Plusieurs résistants insistent sur leur absence de haine envers les Allemands et expriment leur espoir d’un monde meilleur, tissé de fraternité entre les peuples. Ainsi, Missak Manouchian, à sa femme : « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur !  à tous ! » (Krivopissko, 2003, p. 247).

Conclusion

Les diverses situations décrites ci-dessous montrent clairement à quel point le sens peut devenir essentiel dans la vie d’une personne et compenser partiellement la souffrance liée à la diminution du bien-être. Mais le sens ne peut pas se substituer entièrement au bien-être. Les deux sont nécessaires pour mener une existence heureuse. Hédonisme et eudémonisme ne sont pas d’irréductibles adversaires, ce sont plutôt des partenaires complémentaires dans l’atteinte du bonheur.

J’aimerais conclure par un ultime paradoxe, le paradoxe du bonheur, souligné par divers auteurs (Martin, 2008 ; Mauss & al., 2011 ; Schooler & al., 2003). Chercher à tout prix à être heureux aboutit généralement au résultat inverse. Le bonheur n’est pas un objectif à atteindre, mais l’aboutissement d’une existence riche de sens et du goût des petites choses à savourer quotidiennement.

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